La start-up a travaillé presque deux ans pour aboutir à son objectif. Cette nouvelle étape marque un tournant pour la jeune pousse créée en 2014 et qui veut désormais conquérir l'Europe et les Etats-Unis.
Le made in France, ce n'est pas une idée soudaine chez Lunii. La start-up qui rapatrie officiellement la fabrication de ses boîtes à histoires en France ce mois-ci avait depuis ses débuts, en 2014, l'idée d'y parvenir un jour, raconte Maëlle Chassard, cofondatrice avec Eric Le Bot, Thomas et Igor Krinbarg : « Lorsque nous nous sommes lancés, nous n'avions aucun bagage industriel, et le bureau d'études que nous avions contacté à l'époque nous a expliqué qu'il fallait investir plusieurs centaines de milliers d'euros que nous n'avions pas. Mon coeur s'est brisé lorsque nous avons dû aller en Asie pour fabriquer notre objet, ce qui a été atténué par les partenaires qui ont su assurer un produit de qualité. Mais nous nous sommes juré à ce moment-là que nous reviendrions en Europe dès que le volume des ventes le permettrait. »
Après six ans d'existence et un chiffre d'affaires qui devrait se situer entre 16 et 19 millions d'euros cette année, cette promesse a pu être tenue. Une fois la volonté de rapatrier la production sur le continent, le choix n'a pas pour autant été simple, assure l'entrepreneuse : « En 2018, nous nous sommes posé la question d'une V.2, et nous avons choisi finalement de ne pas rajouter de fonctionnalités, mais plutôt d'améliorer la fiabilité et l'assemblage. C'est à ce moment que nous nous sommes rapprochés d'un bureau d'études pour nous accompagner dans la sélection d'un partenaire industriel. » Dans la dernière ligne droite, plusieurs candidats européens furent retenus, mais c'est finalement BMS Circuits, installé près de Bayonne, en France, qui emporte l'appel d'offres.
« Il y avait plusieurs usines en compétition, mais la qualité de leur dossier et leur motivation ont été déterminantes », assure Maëlle Chassard. Au total, 22 mois se seront écoulés entre la décision et la mise en place de la nouvelle ligne de production dans les Pyrénées-Atlantiques. Un important travail « d'optimisation du produit et de la volumétrie » a été nécessaire, ajoute Alysée Flaut, de Kickmaker, qui a accompagné le projet. Les innovations mises en place directement sur l'objet et l'automatisation sur sa ligne d'assemblage ont permis de réduire les coûts et de s'approcher de ceux liés à la fabrication en Chine. « C'est un investissement important, confirme l'entrepreneuse. Mais en améliorant la qualité du produit, on réduit les coûts du service après-vente et l'on rogne un peu sur notre marge pour que ce soit transparent pour nos clients. »
Cette nouvelle étape marque un moment important pour la start-up qui veut accélérer en parallèle son développement international . Après une première installation à New York en 2018, ralentie par des péripéties d'obtention de visas notamment, Lunii se prépare pour 2021 avec la création d'histoires spécifiques en anglais, et une éditrice vient d'être recrutée en ce sens. Avec 5 % de ses revenus réalisés à l'étranger, la jeune pousse doit s'imposer ailleurs qu'en France pour concrétiser ses ambitions. Pour cela, elle peut aussi compter sur son magasin à histoires qui compte aujourd'hui 200 titres toutes langues confondues et pèse 5 à 10 % de son chiffre d'affaires.
Sur ce sujet, elle aborde la rentrée avec l'édition de fictions contées avec des héroïnes et des autrices afin de sensibiliser les enfants au thème de la place de la femme dans la société. Toujours abordés de manière ludique, les sujets évoqués par Lunii (santé, réchauffement climatique…) visent à éveiller leur conscience en douceur sans jamais les placarder de manière agressive.
Guillaume Bregeras, Les Echos.
https://business.lesechos.fr/entrepreneurs/actu/0603990407420-lunii-rapatrie-la-fabrication-de-sa-boite-a-histoires-pour-enfants-en-france-339994.php
